Le Roman de la Gerbe D'or : de Pechbonnieu à Saint Loup Cammas
Il était une fois l’histoire d’une association des coteaux Bellevue.
Tout a commencé en 1934, avec l'arrivée à Pechbonnieu de l'abbé Georges Despax. En se tournant vers le baron Pierre de Lassus qui va prêter le parc de sa propriété de Pechbonnieu, l'abbé Despax va développer la gym et la musique auprès des jeunes.
Toutes les semaines il y avait au village de Pechbonnieu à côté de l’église, sur la place du village, au presbytère, les cours de catéchisme. Les jeunes gens étaient heureux de venir se retrouver entre camarades. Après l’école il n’y avait guère d’occupation pour les enfants en ce temps là. Un jour, lorsque la bande de copain est arrivée. Le prêtre avec son énergie habituelle les attendait. Soudain ils aperçurent à ses côtés un homme qu’ils ne connaissaient pas. C’était un de ses amis qui était professeur de gymnastique ! Et quelques instants plus tard les voilà démarrant les entrainements de gym.
Les garçons étaient rassemblés autour de la gymnastique, les filles , se retrouvaient entre elles dans la section que l’on appelait les " bérets bleus " avec les sœurs dominicaines de Saint Loup Camas. Elles leur donnaient des cours de cuisine, de jardinage, de couture… les bonnes manières quoi ! .
Les petits loupiots des communes sont venus régulièrement suivre les séances de gymnastique et l’abbé Despax qui avait eu cette idée, n’en revenait pas.
Le prêtre, qui ne connaissait pas la musique, s'est intéressé aux répétitions de deux frères, Moreno et Louis Canciani qui jouaient tambour et trompette.Ainsi, il créa également une section musique. Il apprenait à jouer du tambour ou du clairon. Les répétitions avaient lieu dans une salle de la cure, à côté de l'actuel foyer rural. Les musiciens accompagnaient de leurs airs les parades de gymnastique. La Gerbe D'or était née.
L’Association était adhérente à la Fédération des patronages de France. La Gerbe d'Or partaient en bus pour faire des concours à Saint Jory, ou à Lalande. Même s’ils n’ont pas gagné à chaque fois ils s’y sont bien amusés. Les 10 et 11 juillet 1937, lorsque la fédération regroupe à Paris 900 associations, 33 000 gymnastes et musiciens à l’occasion de l’Exposition universelle, la gerbe d'or était présente pour un défilé au parc des princes !! .
Quelles années merveilleuses, pleines de joie, d’insouciance et de fous rires, de concours gagnés, qui se sont paisiblement écoulées.
Puis soudain éclate la seconde guerre mondiale et nous avons vécu une période durant laquelle certains ont été appelés dans les rangs. Il n’y avait plus d’activité à l'association. Après la guerre, il a fallu beaucoup de temps pour que tout redevienne comme avant. Quelques années bien plus tard, en 1964, l'association a enfin repris ses activités et l’accent a été mis sur la musique. L’Abbé avait réussi à obtenir d’un peu partout, des nouveaux instruments : des saxophones..., des trombones..., des trompettes..., des clarinettes…, des basses, des clairons, des tambours, la grosse caisse, les cymbales.
De nombreuses heures de répétitions ont été nécessaires pour réussir à maîtriser ces binious. Mais nous y sommes arrivés, bien évidemment et voilà comment une batterie fanfare a été créé.
Durant sa détention pendant la guerre, l'Abbé Despax a vu évoluer des jeunes filles précédant les fanfares. A son retour pendant longtemps il a essayé à faire de même. C'est ainsi qu'est né en 1966 la section majorette. Comme les garçons, les filles pouvaient elles aussi participer aux activités. C’était nouveau, avant-gardiste et tout simplement génial pour l’époque !!! Il a fallu beaucoup de travail pour arriver à un résultat. Des heures et des heures de répétition... le chef de musique allait et venait entre les répétitions de la fanfare et les chorégraphies des majorettes..
A la sortie du village on pouvait entendre parfois des aboiements derrière une lourde porte, interdisant l’accès à un enclos, sur laquelle un panneau qui attirait l’œil indiquait « élevage de setter irlandais - sonnez ». Mais ce qui est encore plus surprenant c’est que le prêtre faisait cet élevage pour pouvoir acheter le tissu ! Les premiers costumes des majorettes ont été confectionnés par des dames du village. Le costume était dans le style d'origine avec bottes blanches, shakos à plumes, robes courtes et bien sur baguettes.
Dès le mois de juin, un premier défilé à Aire sur Adours, tous ensembles, musiciens et majorettes rassemble toutes les forces et fait battre intensément les cœurs des filles et garçons enfin réunis !!!! Tous jubilent intérieurement car Il faut le dire, c’est le premier groupe de fanfare avec majorettes dans la région et tout le village est mis à contribution. Par la suite, les autres formations voisines ont suivi cette nouvelle mode.
Dans les années 70, l'effectif de l'association a considérablement augmenté 120 exécutants, dont près de 65 majorettes qui animent de nombreux défilés dans le département mais aussi les grandes fêtes. Quelque temps après l'adhésion à la Fédération française des majorettes et les musiciens à la l'Union des fanfares de France de nombreux prix ont été remportés aux concours nationaux.
Ah les concours ! C'était des déplacement en bus sur plusieurs jours avec nos familles, nos supporters, et parfois même le maire du village ! Ils partaient un peu partout en France, près de l'océan, près de la mer, près des volcans, près des alpes. Lorsqu'ils arrivaient devant le jury, je peux vous dire qu'ils avaient le trouillomètre à zéro... Et après les représentations, c'était le temps des remises de prix. Lorsqu'ils gagnaient, ils avaient même le droit de boire un coup dans la coupe. Puis ils rentraient au son d' "Allez la gerbe d'or" !!! Les musiciens et les majorettes ont toujours été très unis même si parfois il y avait quelques chamailleries. Oh je me souviens, un jour elles ont vu rouge à cause de photos que la musique avait faîte avec les majorettes de Limoges et leurs très belles plumes... Mais cette plaisanterie a été vite oublié et tous été impatients de rentrer à la maison pour raconter leur exploits.
En 1984, au concours de Langon, ils ont obtenu le 2e prix. Puis en 1986, le prix d'honneur à Rochefort sur mer, et cela a continué et même progressé puisqu’en 1988, ils ont reçu le prix d'honneur au concours de Salon de Provence. Et croyez-moi les majorettes n’étaient pas en reste.
A chaque fois, ils étaient tous très heureux de représenter leur association et fiers de participer à des concours nationaux aussi prestigieux.
Un soir de juin 2006, c'est une véritable expédition qui démarre de Saint Loup Cammas. Malgré le stress, le voyage qu’on s’apprête à faire sera plein de rebondissements. Mais au final ce sont de gigantesques bons souvenirs qui resteront en récompense. Le moment est venu pour moi de vous dévoiler la destination de ce périple. Oui, en 2006 Paris nous ouvre les bras pour un deuxième séjour, 70 ans après celui de 1936, pour les 100 ans de l’Union des fanfares de France. Nous avons passé toute la nuit dans le bus et à peine arrivé, la vie de château nous attendait à Versailles et dans ses jardins, c’était grandiose ! Très vite installés dans notre chambre, nous sommes repartis pour jouer au Carrousel du Louvre. Certains se sont endormis, il a fallu les secouer. Et nous voilà sous la tour Eiffel pour une dernière répétition, puis ouf, pile à l’heure pour une belle prestation devant le public Parisien car faut dire qu'avec les chauffeurs provinciaux c'était difficile de se repérer dans la capitale. Le Coq Lavelanétien et la fanfare municipale de Blagnac étaient là aussi avec les 100 fanfares venues de toute la France., pour le grand défilé depuis les Champs Elysées jusqu’à l'Arc de triomphe ! Le lendemain un gigantesque concert sur le Champs de Mars, avec plus de 5000 musiciens a impressionné tout le monde. Nous avons même eu la chance de rencontrer des groupes professionnels très talentueux, venus de toute la France et même de l'étranger. Avant « Paris by night » une très belle soirée à côté du Moulin Rouge était une nouvelle récompense après le 1er prix du jury que les musiciens avait obtenu le matin au concours national. Que de bonheur emplissait toutes les têtes
Aujourd'hui le nom de l'association est resté « LA GERBE D’OR » même si tous ces champs de blés, évoquant une gerbe couleur or, ont presque complément disparu au profit des maisons.